Le futur règlement bio, qui s'appliquera en 2021, a été approuvé l'an dernier à l'issue de quatre années de discussions. Les palabres se poursuivent cependant, car, tout comme en France une loi prévoit des décrets, les directives européennes ont besoin de règles d'application. Et la Commission européenne discute actuellement du détail des normes que devront respecter les élevages bio européens.
Les élevages de volailles plein air en "bâtiments mobiles", privilégié par les petits exploitations afin de faciliter l'accès des oiseaux au "parcours" extérieurs, pourraient, selon les propositions en discussion, voir le nombre de poulets par mètre carré de bâtiment modifié. Actuellement, une « cabane » peut accueillir jusqu'à 16 oiseaux au mètre carré. La Commission européenne voudrait les passer à 10 oiseaux par mètre carré.
Charles Monville, éleveur de volailles de chair dans l'Essone, précise que ses volailles passent la journée dehors et utilisent le bâtiment principalement la nuit. « Mes poulets, quand ils dorment, se serrent et se tiennent chaud. Si on me dit d'en mettre moins par cabane, ils auront froid. [...] Je ne sais pas ce qui aiguille la Commission, mais ce n'est pas le bien-être animal ».
« On durcit les règles pour les petits élevages alors qu'on n'a pas osé le faire sur les gros élevages », estime David Léger, éleveur et secrétaire national volailles de la Fnab.
De plus, dans le même temps, la Commission européenne propose de modifier dans ses normes techniques en remplaçant le terme " bâtiment " par "compartiment ". Dans les faits, demain, des lots de 4.800 poulets pourraient cohabiter, simplement séparés de cloisons, dans le même hangar, alors qu'aujourd'hui ils ne peuvent être plus de 4.800 par bâtiment.
La Copa-Cogeca, principal représentant européen des syndicats d'agriculteurs, s'oppose à la limitation de la taille des élevages et plaide également pour une division par deux de la taille des parcours de plein air pour certains élevages de poulets de chair.
" Si on ne limite pas la taille des élevages biologiques, on va favoriser leur industrialisation ", avertit Marie Guyot, directrice du Synalaf (Syndicat national des labels avicoles de France)